samedi 25 août 2012

LES PONTS-DE-CE et MURS ERIGNE

Pont Dumnacus.

"Ce n'est pas petite gloire
Que d'être pont sur la Loire
On voit à ses pieds couler
La plus belle des rivières"


chantait La Fontaine. 

 Jusqu'au XIX° siècle, il n'y eut de ponts qu'à Nantes, aux Ponts-de-Cé, à Saumur et à Tours. Puis, vers le milieu du XIX° siècle, on en fit construire aux Rosiers-sur-Loire, à Saint-Mathurin-sur-Loire, Chalonnes-sur-Loire, Montjean-sur-Loire, Ingrandes-sur-Loire et Saint-Florent-le-Viel. Ils sont comme un trait d'union entre deux rives, entre deux villes, entre deux villages. Stratégiques, pendant la guerre, ils furent détruit pendant la guerre pour couper la route à l'ennemi en 1940.

En pénétrant en Anjou venant de Touraine, nous pénétrons dans le Saumurois où le tuffeau si blanc et si lumineux contraste avec la sombre ardoise. Des merveilles architecturales surgissent çà et là : le château de Saumur, le château où plane l'ombre de Madame de Montsoreau, l'abbaye de Saint-Maur près du Thoureil, la tour de Trêves...

  

 

Le pont sur la Loire Dumnacus aux Ponts-de-Cé

La Loire, tantôt capricieuse, tantôt fougueuse est réduite en été à quelques filets d'eau au milieu des bancs de sable qui semblent avoir "endormi" le fleuve.

Les Ponts-de-Cé ont toujours été, au fil de l'histoire, une position stratégique tour à tour entre Français et Anglais, puis catholiques et protestants et enfin entre vendéens et républicains pendant les guerres de vendée.

Un épisode a été particulièrement tragique, en 1570, lors du passage de l'armée de Charles IX où l'un de ses chefs, pour se débarrasser des filles de mauvaise vie que cette armée traînait à sa suite, fit jeter plus de huit cents d'entre elles dans la Loire où elles se noyèrent. Cent ans plus tôt, le Bon Roi René avait institué une fête constituée par une manifestation de pêche réservée aux filles de pêcheurs de la commune. Cette fête médiévale et populaire se déroule traditionnellement tous les ans depuis 542 ans le jeudi de l'Ascension sous le nom de "Baillée des Filles". 

Aragon : J’ai traversé les ponts de Cé

Louis Aragon écrit ce poème paru en 1942 qui évoque le désastre de juin 1940, et le séisme moral qui s’y attache car, si les élites font sciemment le choix de la défaite,
en revanche, le Peuple français traumatisé, accuse le choc, et prend de plein fouet, ce que certains historiens appellent « le naufrage ». La honte, les larmes, le déshonneur submergent des français désemparés, désespérés, écrasés par la présence de l’ennemi. C’est cette douleur que Louis ARAGON a capté et exprime, avec beaucoup de finesse et de sensibilité, dans ce poème.


« J’ai traversé les ponts de Cé
« C’est là que tout a commencé
« Une chanson des temps passés
« Parle d’un chevalier blessé
« D’une rose sur la chaussée
« Et d’un corsage délacé
« Du château d’un duc insensé
« Et des cygnes dans le fossé
« De la prairie où vient danser
« Une éternelle fiancée
« Et j’ai bu comme un lait glacé
« Le long lai des gloires faussées
« La Loire emporte mes pensées
« Avec les voitures versées
« Et les armes désamorcées
« Et les larmes mal effacées
« O ma France O ma délaissée
« J’ai traversé les ponts de Cé ».





Catastrophe des Ponts-de-Cé du 4 Août 1907.

Une locomotive déraille et le tablier du viaduc du pont de Maurilliers, jeté sur la Loire entre la Pyramide et la Puigne, cède entrainant la chute du train dans la Loire. D'après les villageois des alentours, la catastrophe était prévisible car le pont avait été construit pour supporter des trains allant à 30km/h alors que les trains Angers-Poitiers y circulaient déjà entre 50 et 60 km/h et que d'autre part, les tabliers étaient en bois. On retira 27 cadavres dans la Loire. 

Le Pont de chemin de fer n'a jamais été reconstruit et il est resté tel qu'il était au lendemain de la catastrophe 
photo du pont prise en août 1998 ci-dessus et ci-dessous.
Le Pont en août 1998.


Murs Erigné, le Louet et sa plage ; au fond le château de Mûrs.


Lorsque j'étais enfant, début des années cinquante, nous attendions, comme de tout temps, que les beaux jours reviennent et invariablement ils revenaient. Le dimanche, quand il faisait beau, mes parents nous emmenaient, chacun prenant son vélo, à la baignade de Murs-Erigné, au bord du Louet, un bras de Loire, non loin du Bosquet. L'architecture des maisons situées le long de cette rivière conférait au lieu un parfum de villégiature qui plaisait à mes parents et je me souviens d'une photo où mon frère et moi nous barbotions en maillot de bain en laine, "en caleçons de bain" disait ma mère... Je ne sais à quelle période de mon enfance situer celle des maillots de bain en laine rouge que ma mère nous tricotait mais "ça feutrait", "ça gênait dans les entournures" et surtout ça séchait mal !

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