Aragon : J’ai traversé les ponts de Cé
Louis Aragon écrit ce poème paru en 1942 qui évoque le désastre de juin 1940, et le séisme moral qui s’y attache car, si les élites font sciemment le choix de la défaite,
en revanche, le Peuple français traumatisé, accuse le choc, et prend de
plein fouet, ce que certains historiens appellent
« le naufrage ». La honte, les larmes, le déshonneur submergent des
français désemparés, désespérés, écrasés par la présence de l’ennemi.
C’est cette douleur que Louis ARAGON a capté et exprime, avec beaucoup
de finesse et de sensibilité, dans ce poème.
« J’ai traversé les ponts de Cé
« C’est là que tout a commencé
« Une chanson des temps passés
« Parle d’un chevalier blessé
« D’une rose sur la chaussée
« Et d’un corsage délacé
« Du château d’un duc insensé
« Et des cygnes dans le fossé
« De la prairie où vient danser
« Une éternelle fiancée
« Et j’ai bu comme un lait glacé
« Le long lai des gloires faussées
« La Loire emporte mes pensées
« Avec les voitures versées
« Et les armes désamorcées
« Et les larmes mal effacées
« O ma France O ma délaissée
« J’ai traversé les ponts de Cé ».
Le Pont de chemin de fer n'a jamais été reconstruit et il est resté tel qu'il était au lendemain de la catastrophe |
photo du pont prise en août 1998 ci-dessus et ci-dessous.
Le Pont en août 1998. |
Murs Erigné, le Louet et sa plage ; au fond le château de Mûrs.
Lorsque j'étais enfant, début des années cinquante, nous attendions, comme de tout temps, que les beaux jours reviennent et
invariablement ils revenaient. Le dimanche, quand il faisait beau, mes
parents nous emmenaient, chacun prenant son vélo, à la baignade de
Murs-Erigné, au bord du Louet, un bras de Loire, non loin du Bosquet.
L'architecture des maisons situées le long de cette rivière conférait au
lieu un parfum de villégiature qui plaisait à mes parents et je me
souviens d'une photo où mon frère et moi nous barbotions en maillot de bain
en laine, "en caleçons de bain" disait ma mère... Je ne sais à quelle
période de mon enfance situer celle des maillots de bain en laine rouge
que ma mère nous tricotait mais "ça feutrait", "ça gênait dans les
entournures" et surtout ça séchait mal !
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